3 questions à Eric Poirot, chargé de communication Andra

Date: 
19/07/21

L’Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs (Andra) est un établissement public sous tutelle des Ministères de l’Environnement, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.

Depuis 30 ans, dans le cadre de sa mission de diffusion de la culture scientifique et technique elle s’attache à faire connaître ses activités industrielles et scientifiques, notamment auprès du grand public, sur un sujet à forts enjeux. Elle utilise pour cela l’ensemble des moyens de communication et met en place des dispositifs de médiation variés et innovants. Elle accompagne le citoyen dans sa démarche de compréhension critique des sciences, de leurs enjeux et leurs implications industrielles.

L’Andra met son expertise au service de l’Etat pour trouver, mettre en œuvre et garantir des solutions de gestion sûres pour l’ensemble des déchets radioactifs français.

Dans le cadre de sa mission, elle est notamment confrontée, sur les réseaux sociaux, à la diffusion d’informations tronquées ou erronées.

Science&You organise des formations pour doctorant.e.s, propose un colloque pour les professionnel.le.s et des événements dédiés au grand public. Les objectifs sont : vulgariser la recherche, échanger des savoirs, et rapprocher science et citoyens. En tant que partenaire de l’événement, quels sont, selon vous, les enjeux de la médiation scientifique, et pourquoi soutenir Science&You ?

L’enjeu majeur est effectivement de rapprocher le citoyen et la sphère scientifique, permettre au public de se poser les bonnes questions, de s’impliquer, de développer un esprit critique. Les dispositifs de médiation se doivent d’être simples, pédagogiques et à la portée de la majorité des publics que nous recevons, ce qui représente en soi une première difficulté. Plusieurs enjeux, parfois contradictoires doivent être pris en compte. Lors de visites du Laboratoire souterrain de l’Andra, il faut faire du simple avec du compliqué, sans pour autant que cette simplification élude les difficultés ou incertitudes scientifiques. L’idée, parfois, est aussi de montrer que la démarche scientifique procède pas-à-pas, en ayant toujours le « doute » comme mode de pensée. En effet, le doute interroge, aiguillonne et vous oblige à l’honnêteté, à la sincérité et à la modestie dans l’exposé de vos résultats. Ainsi, la médiation et ses moyens associés doivent permettre au public de comprendre la démarche scientifique, mais surtout que le doute ou ses incertitudes sont pour elle des outils, des garde-fous, un de ses moteurs.

Historiquement nous sommes un soutien de l’Université de Lorraine avec laquelle nous avons un partenariat. Côté communication, nous participons à de nombreux évènements communs, comme la Fête de la Science et les journées Hubert Curien. Nous sommes donc très heureux de soutenir à nouveau Science&You pour cette nouvelle édition.

Quel(s) rôle(s) professionnel.le.s et citoyen.ne.s ont-ils à jouer dans la médiation scientifique ? Comment faire de la médiation scientifique sur des sujets controversés, notamment auprès du grand public ?

Comme pour le doute qui aiguillonne le scientifique, le citoyen joue également un rôle dans les actions de communication et de médiation scientifique. Il vous oblige dans le cadre de sujets compliqués et controversés à délivrer une information claire, sincère et surtout vérifiable. Lors de la mise en œuvre des actions de médiation, le citoyen peut aussi soulever des interrogations auxquelles nous n’avions pas pensé ou pas développé. Nous devons alors adapter les méthodes et les moyens. Il faut regarder les questionnements, même dérangeants, comme un moyen de progresser, sans lequel la médiation se cantonne à la communication pure.

Quels nouveaux défis la pandémie de Covid a-t-elle fait émerger en termes de communication autour de la gestion des déchets radioactifs ?

Evidemment et comme tous, nous avons dû faire face à la fermeture de nos espaces publics et être inventifs et audacieux dans notre manière de faire de la médiation scientifique. Devant l’impossibilité de rencontrer nos publics, de proposer des visites, des expositions ou des réunions d’information, nous avons mis en place des dispositifs alternatifs. Le citoyen a aussi, au travers de ces nouveaux moyens de communication/médiation, découvert de nouvelles opportunités d’interagir. Les moyens dématérialisés de faire de la médiation, ont permis aux citoyens de s’exprimer plus librement, sans la pression imposée par la présence d’autres personnes autour de soi, de la peur du jugement, etc

Par exemple, nous proposons une visite virtuelle, des webconférences en direct, des conférences dématérialisées, associées à un chat interactif, un escape game numérique. On y a vu naître des demandes plus spontanées, souvent absentes du questionnement habituel que nous avons en présentiel. Bref, une sorte de désinhibition née de la dématérialisation et du pseudo anonymat.

On voit bien également que les outils numériques auront de plus en plus de place dans nos moyens de médiation, que ce soit en présentiel ou pas. Par exemple, dans les visites virtuelles, l’insertion de séquences de réalité augmentée ou de 3D, apporte un côté ludique pour une meilleure appropriation des problématiques. Si rien ne peut remplacer une visite réelle de nos sites, la pandémie nous a forcé à innover.